Programme

Résumés des conférences invitées


Jeudi 16/05, 9h-10h : Françoise Gadet (Université Paris Nanterre) – “Les parlers jeunes n’existent pas.”

La dénomination convenue d’un objet „Langue des jeunes“ (ou „parler jeunes“) mérite d’être discutée, pour au moins 3 raisons: 1) La caractérisation en tant que variété, 2) le terme „langue“ et 3) le terme „jeunes“. C’est donc à la fois d’un point de vue socio-politique (quelles fonctions remplit-elle?) et linguistique (montre-t-elle une spécificité?) que nous le mettrons en cause. L’exposé s’appuiera sur l‘expérience du corpus MPF (Multicultural Paris French), recueilli en Ile-de-France auprès de jeunes locuteurs répondant au profil attendu, enregistrés en proximité communicative, afin de discuter de la relation entre façon de parler et identité. Plus précisément, nous présenterons un jeune enregistré par deux fois, à deux ans de distance, avant et après un important changement de vie, en nous demandant dans quelle mesure certains indices linguistiques et des balises langagières renvoyant à de l’implicite sont susceptibles de refléter quelque chose d‘un ébranlement identitaire. La réflexion permettra d’approfondir l’étude du rapport entre des indices et le sens social dont ils sont porteurs.


Jeudi 16/05, 14h-15h : Cyril Trimaille (Université Grenoble-Alpes) – “Décrire et comprendre les dynamiques sociolinguistiques dans les pratiques langagières juvéniles : pluralité d’approches, pluralité d’apports

Depuis une trentaine d’années, dans des contextes sociaux, géographiques et culturels divers, les pratiques langagières juvéniles (PLJ) sont l’objet d’une visibilité et d’un intérêt scientifique et médiatique remarquables. Outre les connaissances qu’elles permettent de construire sur l’hétérogénéité et l’évolution des dimensions proprement (socio)linguistiques de ces pratiques langagières, de nombreuses études contribuent également à documenter et à questionner des dynamiques et/ou des mutations sociétales et certaines des réactions qu’elles suscitent.

Dans cette présentation, en se concentrant particulièrement sur la France, nous verrons dans un premier temps que cet objet sociolinguistique se trouve au cœur et aux intersections d’évolutions socio-démographiques des populations (particulièrement mais pas uniquement urbaines), mais aussi de reconfigurations sociolinguistiques et identitaires résultant, entre autres facteurs, de migrations et/ou de situations post-coloniales, de la place importante des réseaux socio-numériques notamment dans la vie des plus jeunes, ou encore des mutations dans les productions et les pratiques culturelles. Nous rappellerons que, comme beaucoup de réalités sociales, les PLJ sont aussi des objet de discours qui actualisent des représentations et des idéologies ne concernant pas que la langue.

Nous nous intéresserons ensuite à la pluralité des approches qui rendent compte des phénomènes sociolinguistiques (et donc fondamentalement sociaux) locaux et globaux que constituent les PLJ. Pour ce faire, on s’appuiera plus particulièrement sur les études que nous avons menées sur les prononciations affriquées/palatalisées, sur le lexique et la socialisation adolescente.

Enfin, nous engagerons une discussion sur ce que cette pluralité d’approches des PLJ et les questions qu’elles ont soulevées ont, plus largement, apporté à la « sociolinguistique générale ».


Vendredi 17/05, 9h-10 : Daniel McAuley (Queen’s University Belfast) – “The social meaning of ‘le langage des jeunes’ : representations across users, listeners and media?”

This paper takes ‘le langage des jeunes’ (and various related monikers for this variety or style) as an object of study in an attempt to understand the social significance of this term. The core research questions approached in the paper are:

  • What does the term ‘parlers jeunes’ represent for users and non-users of the variety and for media commentators?
  • Do consistent social meanings persist across these different groups, and if so, what are they?
  • What linguistic features pertain to the variety according to media reports?

Boyer (1997) notes that ‘parler jeune’ or ‘langue des cités’ is ‘un objet linguistique médiatiquement identifié’, and the perennial recurrence of media discussion about this linguistic variety continues to this day, often centring on apparently novel features notably in the lexis and in phonetic realisations e.g affrication. This paper draws on a corpus of French-language news articles to identify what features are, for media commentators, central to ‘parlers jeunes’ and uses a corpus-assisted discourse analytical approach to interrogate the language attitudes and ideologies identified in that specially compiled corpus.

To understand user and listener perspectives, the study draws on a set of metalinguistic comments on the use of crari on French-language Twitter. These comments are a very small subset of a 5-million-word corpus of tweets which use crari and which, rather than representing usage, comment on the use of the term and its social meaning. We can assume that these reactions come from speakers who have encountered the term in spontaneous use. This element of the study is intended to give an indication of the social meaning carried by the use of such terms related to ‘parlers jeunes’, and crari is used as one (likely geographically and temporally limited) example of a parler jeune feature.

Finally, the paper draws on a set of listener responses to recordings of parler jeune features to identify patterns in social meaning evoked by the variety. These have been reported in previous work but here are combined with two new datasets of newspaper reports and metalinguistic commentary from users to identify shared and contrasting elements of social meaning associated with these socially salient speech styles.


Vendredi 16/05, 14h-15h : Zsuzsanna Fagyal (University of Illinois at Urbana-Champaign) – “Urban youth vernaculars and the social-indexical meaning of coronal plosive realizations: a Francophone perspective”

In several North American varieties of French, coronal plosives participate in clear allophonic distinctions: /t/ and /d/ are assibilated into /ts/ and /dz/, respectively, when followed by the high front vowels /i/ and /y/. Reports of Metropolitan varieties, on the other hand, seem to point to more retracted realizations, often perceived as affrication. Affricated voiceless plosives have been attested in journalistic speech styles and, since the late 1990s, deemed emblematic of urban youth speech styles. And yet, social meanings associated with plosive releases accompanied by strong friction noise have been interpreted variably as a universal articulatory feature, individual speaker characteristics, and markers of local urban identity. In this presentation, I will review some of these results and discuss the possible grammaticalization of coronal plosive releases in varieties of French as part of an indexical field of /t/ realizations similar to Eckert’s (2008) proposal for American English.